CLARK BARDSLEY
FÉVRIER 2018,
LONDRES – AUCKLAND

Le designer néo-zélandais Clark Bardsley crée des objets et des espaces en se concentrant sur l’utilisation des matériaux.
Avec son approche ludique du processus de création, il est reconnu pour son exploration de différentes qualités dans une multitude de disciplines, et pour son intérêt particulier pour le design du meuble. Clark, qui travaille à parti de son studio situé à Auckland et collabore régulièrement avec différent manufacturiers de partout à travers le monde, se penche sur son esthétique et sur les projets de sa pratique de design, Clark Bardsley Design.

Quels éléments influencent votre choix de matériaux?
Leur disponibilité, leur durabilité et leur caractère. Pour certains projets, je commence simplement avec un matériau qui m’intéresse et laisse mes idées se développer à travers mes recherches et mes interactions avec celui-ci.
Au cours de la production, la manière dont se transforme le matériaux peut parfois changer le résultat obtenu. Vous semblez célébrer ceci à travers vos conceptions.
J’essaie d’apprendre quelque chose de nouveau à propos du matériau choisi durant chacun de mes projets. Au lieu de combattre le matériau, j’observe plutôt ce qu’il tente de faire naturellement. Je me penche sur les comportements inattendus du matériel, puis j’essaie d’y ajouter un touche design pour modifier cette réaction en une qualité désirable.
Vous mélangez fabrication moderne et digitale et méthodes traditionnelles. Comment arrivez-vous à créer des résultats cohésifs, et non à l’allure juxtaposée?
Je crois que toute fabrication digitale se doit d’être en complète cohésion avec la manière dont nous vivons. La méthode traditionnelle sert à ajouter une touche humaine à des éléments fabriqués mécaniquement. Celle-ci peut être utilisée dans la manière dont nous assemblons les pièces, dans la finition de celles-ci, ou dans la manière dont la fabrication digitale est conçue à l’origine.
L’une de vos pièces les plus récentes, Arm, présente un angle ludique et nouveau au design classique de la chaise. Qu’est-ce qui a motivé le processus créatif derrière ce projet?
Je me suis lassé du design qui se prend trop au sérieux. J’avais envie de créer quelque chose de ludique, sans être trop absurde. L’intention était que Arm soit immédiatement reconnaissable en tant que chaise, mais sans qu’elle est la fonction normale du chaise. Ce projet a donc été rapide et amusant : j’ai appris un nouveau processus de production, je me suis penché sur la beauté et les proportions. Croyez-le ou non, l’ergonomie de la chaise n’a pas été ignorée; j’ai exploré une grande variété de chaises et leurs dimensions pour m’assurer qu’Arm puisse s’insérer autours d’autres objets, et pour que ses bras soient à la hauteur appropriée.

Arm est souvent nommée l’anti-chaise, et donne un nouveau contexte au concept de fonctionnalité. Prise seule, elle est un objet d’art contemporain, mais jumelée à d’autres objets, elle peut servir de chaise, retrouvant sa raison d’être originale et traditionnelle. Quel rôle joue la fonctionnalité dans votre travail?
Arm a une fonction, mais pas celle normalement anticipée d’une chaise!
Généralement, un bon designer crée des pièces qui expriment ou reflètent un élément de notre monde, sans compromettre la fonctionnalité de l’objet créé.
Mon but est de suggérer de nouvelles idées à mon audience. Je suis fier de dire que mon processus est principalement guidé par mes idées, sans les diluer afin d’en augmenter la fonctionnalité ou de répondre à certains besoins. Que faire des besoins que l’on ne prévoit pas? Le monde est plein de produits médiocres, résultats d’un designer qui a trop compromis les idées au profit des besoins fonctionnels.

Lorsque vous développez vos projets, votre firme de design travaille souvent avec d’autres spécialistes. Prenez-vous souvent une approche collaborative?
S’il n’y a pas de conversation difficile avec le manufacturier au début d’un projet, il ne s’agit pas d’une vraie collaboration! Plusieurs d’entre eux ne souhaitent pas dévier de leurs pratiques quotidiennes. Au cours des années, je me suis construit un réseau de fabricants spécialisés ouverts d’esprit et qui sont prêts à travailler avec certains processus alternatifs.
Quelle influence a l’endroit où vous réalisez vos projets sur vos méthodes de travail? Vous arrive-t-il de vous buter à certains problèmes spécifiques à un environnement de travail?
Le travail en endroit spécifique débute toujours avec une observation du site, car chaque endroit est riche en idées potentielles. Une grande partie de mon travail est le résultat d’idées conçues de manière passive, simplement en observant un espace, un comportement, un environnement. Les défis de certains endroits représentent souvent les opportunités en terme de design.
Vous avez passé quelques années à Londres et à Bath. Est-ce que ceci a changé votre perception de la Nouvelle-Zélande?
Revenir en Nouvelle-Zélande était très excitant car j’y retournais avec toutes ces connaissances acquises au Royaume-Unis que je souhaitais maintenant appliquer en Nouvelle-Zélande. L’observer de nouveau s’est avéré une expérience créatrice très enrichissante.

Votre esthétique de design et votre approche ludique ont été une source d’inspiration pour notre toute dernière collection. Pour souligner ceci, vous avez créé une vitrine spéciale pour COS. Parlez-nous un peu de ce projet…
Il s’agissait d’une superbe opportunité pour appliquer ce que j’ai appris du projet Arm et l’élaborer d’avantage. Pour COS, j’ai créé une installation qui garde les éléments ludiques et les matériaux d’Arm, mais qui est construite de manière rationnelle, lui permettant d’être déconstruite et reconstruite dans une variété d’endroits et d’espaces.